Biographie/Parcours : La quête de l’équilibre

Le parcours de Catherine Chabut est celui d’une artiste en quête d’un juste équilibre et de liberté. Éveillée à l’art par un professeur de lycée dont elle rejoindra l’académie, elle trouvera dans la pratique artistique une planche de salut après le cruel accident qui mettra fin à sa passion d’enfance pour l’équitation. Cette discipline exigeante, qui requiert des qualités antagonistes - force et douceur, humilité et confiance -, partage bien des affinités avec la peinture qui, en sommeil pendant plusieurs années, ressurgit avec force dans sa vie. À l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, qu’elle intègre pendant quatre années en tant qu’auditeur libre, elle rattrape le temps perdu, en assimilant les grandes tendances de l’histoire de l’art et de l’art contemporain, touche à toutes les techniques, mais revient toujours à la peinture… et au dessin. Ce dessin, « la probité de l’art », comme l’affirmait Ingres, si difficile à maîtriser mais dont elle sait la présence indispensable dans sa recherche d’un vocabulaire personnel.

 

Entre abstraction et figuration, Catherine Chabut choisit une voie médiane, refusant l’hermétisme de la forme pure autant que l’illusionnisme tapageur de la représentation.Certes, sa peinture est narrative mais le message n’est pas assené avec fracas. Les formes floues, fantomatiques laissent au spectateur la liberté d’interpréter selon sa sensibilité des compositions dont seul le titre, parfois, témoigne de la genèse. Cheminement, Maturité, Passage, ces titres révèlent que la peinture de Catherine Chabut s’inscrit dans une démarche spirituelle, mystique par moment, puisque la foi anime sa vie intérieure, même si elle traite aussi de la complexité de l’âme - ou de la psyché - humaine. La série des Vanités témoigne de réflexions autour de la mort qui traduisent une certaine mélancolie que son caractère ne laisse pas forcément présager. À travers les sujets d’inspiration classique, comme le mythe de Sisyphe ou de la Caverne de Platon, elle explore des thèmes universels qui font aussi écho à son parcours personnel.

 

Les dernières toiles de Catherine Chabut, dont fait partie la série Bestiaire, semblent exprimer ce point d’équilibre parfait entre liberté des couleurs et précision du dessin. Associant entre autres, l’encre, l’huile et la terre, elle parvient non seulement à harmoniser des teintes opposées, mais également à discipliner la matière fluide de manière à faire apparaître, comme en filigrane, la silhouette d’un animal. L’exploit réside ici dans cette image latente qui n’empêche pas les couleurs de conserver leur autonomie et d’exprimer leurs accords subtils.

 

A propos de la série Bestiaire. Au sein du format implacablement carré du tableau, les couleurs de Catherine Chabut se déploient sans rupture, sans heurt. Elles glissent en suivant des lignes qui semblent naturelles comme guidées par un dessin sous-jacent, un sillon, qui pourtant n’existe pas. Couche après couche, patiemment, la matière envahit la toile apprêtée de teintes terreuses, en formant des strates aux éclats bleutés ou rougeoyants. Étonnamment, la superposition n’empêche pas la transparence de ces jus colorés, saturés de pigments ou fortement dilués. Étirée ou traitée en masse compacte, la peinture délimite une silhouette qui, à peine aperçue, semble aussitôt se dérober au regard inquisiteur du spectateur, avant de s’y fixer, pour toujours.

 

La force de la peinture de Catherine Chabut, provient de ce paradoxe qui voit se confronter, sans s’affronter, le ciel et la terre, le sacré et le profane, la présence et l’absence. Cet équilibre fragile est le fruit d’un cheminement patient, humble, mais résolu, d’une quête à la fois spirituelle et artistique, qui par moment, semble se confondre. Nul doute que cette peinture, lumineuse et profonde, raisonne chez ceux qui recherchent dans l’art le calme et la beauté.

 

Yann PERRAUD– Historien d’art

 

 

 FORMATION SERIGRAPHIE MANUELLE ET PHOTOGRAPHIE

Année 2014-2015

Avec César-Octavio SANTA CRUZ

  

  

  

  

  

  

  

 

"Nous travaillons dans la nuit, nous faisons ce que nous pouvons.
Nous donnons ce que nous avons. Notre doute est notre passion et notre passion est notre tâche.
Le reste est folie de l'art."

"Les Années Médianes", Henry James